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Sites éternels – De Bâmiyân à Palmyre

Visuel de l’exposition

Exposition présentée par la Réunion des Musées Nationaux et le Musée du Louvre, en collaboration avec la société Iconem, au Grand Palais.

On pénètre dans un long espace bordé de quatre murs d’images en mouvement qui témoignent de la richesse du passé mise en miroir avec le présent. Alep est en train de tomber et l’actualité est dévastatrice, pour les hommes comme pour les édifices. La tête tourne avec les images, l’émotion submerge.

Sites éternels – De Bâmiyân à Palmyre propose une immersion virtuelle au cœur de quatre grands sites archéologiques du Patrimoine mondial de l’humanité, menacés ou partiellement détruits : l’ancienne capitale du roi Sargon à Khorsabad en Irak, le site de Palmyre et le Krak des Chevaliers en Syrie ainsi que la Grande Mosquée des Omeyyades à Damas. La société Iconem a rapporté des prises de vues photogrammétriques en 3D prises par drones et réalisé ce traitement d’images, complété par des documents placés sur les murs ou sur des consoles tels que plans, moulages, maquettes et photos. Chaque site est également symbolisé par une colonne signalétique et trois œuvres, emblématiques, ont été prêtées par le musée du Louvre et modélisées. Ainsi pour Palmyre, le Relief funéraire de Taimé et de la femme Hadir, en calcaire, datant de la première moitié du IIIe siècle après J.-C ; pour Khorsabad, un bronze représentant un Lion couché rugissant datant de 700 av. J.-C ; pour le Krak des chevaliers, le Bassin du sultan al-Adil II Ahmad ibn Umar al-Dhaki al-Mawsili du XIIème siècle, bel exemple du travail des dinandiers syriens, dans un décor d’une grande finesse avec des incrustations de fils d’argent.

Au bout de cette grande galerie, une pièce intimiste fait fonction de laboratoire. On y voit le minutieux travail de relevés en 3D réalisé par Iconem, drones à l’appui ainsi que les différents supports et techniques utilisés par les scientifiques. Au-delà de l’aspect scientifique, quatre jeunes artistes sont interviewés, montrant qu’au-delà de l’architecture et des sciences, le patrimoine est aussi une aventure humaine et de culture : Brigitte Findakly, dessinatrice de bandes dessinées – qui a entre autre publié Coquelicots d’Irak – née à Mossoul d’une mère française et d’un père irakien, venue en France avec sa famille en 1973 à l’âge de quatorze ans, parle avec nostalgie de sa jeunesse autour du Lion ailé de Nemrod. Mithkal Alzghair, danseur et chorégraphe syrien très attaché à sa terre et à sa culture – qui a signé une chorégraphie intitulée Déplacements et réfléchit à son héritage et à ce qui a construit son corps – analyse cette nouvelle étape hors de son pays, qui se superpose à son autre vie. La troisième interview donne la parole à un Libanais travaillant dans le domaine des musées et reconnaissant que le tissu même de notre mémoire, est en danger. Il parle de conservation radicale à travers l’exemple d’objets précieux enterrés pendant la guerre qui ont contribué à les sauver et reconnaît que tout ce qui nous entoure peut disparaître. Abbas Fahdel, réalisateur franco-irakien – qui a tourné Retour à Babylone et Homeland Irak année zéro – est né à Babylone, à cent kilomètres au sud de Bagdad. Venu en France à l’âge de dix-huit ans pour des études de cinéma, il y est resté. Il parle de la fragilité de Babylone et de l’oubli de la mémoire collective.

Le Président-directeur du musée du Louvre, Jean-Luc Martinez, assisté de deux de ses directrices – Marielle Pic pour le Département des Antiquités orientales et Yannick Lintz pour le Département des Arts de l’Islam – partie prenante pour la sauvegarde de la mémoire collective a particulièrement travaillé, à la demande du Président de la République, à la réflexion et à la conception de cette exposition dont il est le commissaire général. La Directrice générale de l’Unesco, Irina Bokova, sous le haut patronage de laquelle se réalise l’exposition, a déclaré : « Le patrimoine, avant d’être un bâtiment, est une prise de position et une prise de conscience. Lorsque l’extrémisme s’attaque à la culture, à la diversité culturelle, il faut répondre aussi par la culture, et par l’éducation, la transmission, expliquer la signification des sites et partager des connaissances, afin de porter ce message de tolérance d’ouverture et d’humanité dont le patrimoine est porteur… En nous unissant pour le patrimoine, nous commençons déjà à construire la paix. »

On sort sonné et méditatif de cette traversée qui ré-affirme que la culture et le patrimoine, expressions de notre identité, servent le pluralisme culturel et participent de la défense du droit humanitaire international. Une initiative forte et pleine de sens.

Brigitte Rémer, le 2 janvier 2017

Documentation scientifique Thomas Sagory, chef du service du développement numérique du Musée d’Archéologie nationale – Domaine national de Saint-Germain-en-Laye et responsable de la collection Grands sites archéologiques – Scénographie Sylvain Roca, Nicolas Groult – Réalisation audiovisuelle Olivier Brunet – Exposition réalisée grâce au soutien de Google Arts & Culture, Leon Levy Foundation, Bank of America, LVMH / Moët Hennessy. Louis Vuitton, Fondation d’entreprise Total, Caisse des Dépôts, Fonds Khéops pour l’Archéologie et les American Friends of the Louvre.

14 Décembre 2016 au 9 Janvier 2017, Grand Palais, Galerie sud-est – Métro : Champs-Elysées-Clémenceau – Tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 20h et en nocturne jusqu’à 22h le mercredi – Entrée libre.