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D’après une histoire vraie

© Marc Domage

Chorégraphie de Christian Rizzo, avec le Centre Chorégraphique National de Montpellier/ICI, au Lycée Jacques Decour, dans le cadre de Paris l’été.

Pour prolonger une émotion qu’il avait eue en assistant à une danse traditionnelle, à Istanbul, brève mais pleine d’énergie, Christian Rizzo a fait jouer la mémoire et tenté de transcrire la perception de ce moment d’intensité. Accompagné de huit danseurs, exclusivement hommes, pieds nus en jeans et tee-shirt, il a cherché de nouvelles formes, entre une expression populaire et la danse contemporaine.

Deux batteurs compositeurs, Didier Ambact et King Q4, exceptionnels, jouent en live, sur un podium qui mange un morceau du plateau. Ils portent le spectacle. D’un côté à l’autre de la scène, les danseurs lancent les bras en contrepoids à leurs fléchissements, ondulent de manière répétitive et lancinante, se rassemblent en une ronde furtive et derviche, se clouent les mains dans le dos comme des prisonniers, dialoguent avec les rythmes en tension. Ils glissent au gré des tempos donnés qu’ils construisent en motifs et figures et se fondent dans les lumières de Caty Olive. Par petites touches ils vibrent dans les embruns méditerranéens, d’un pas de bourrée ou de sirtaki, mêlés en un collectif hésitant entre force et fragilité.

Christian Rizzo, directeur de l’Institut Chorégraphique International/ Ici – CCN de Montpellier depuis 2015 avait créé cette pièce deux ans plus tôt au Festival d’Avignon, basée sur les réminiscences de ce fugace moment de communion traditionnelle perçu à Istanbul. Il construit un triptyque dont les deux autres pièces s’intitulent respectivement Ad noctum et Le syndrome ian encore en élaboration. L’homme est touche-à-tout, il est passé par le rock, la mode et les arts plastiques qui interfèrent souvent dans l’univers de ces recherches. Il avait longtemps dansé avec Hervé Robbe et Rachid Ouramdane avant de créer sa compagnie, l’association Fragile, en 1996.

Ses chemins de traverses passent ici par la narration autant que l’abstraction et dessinent des espaces de récits discontinus, moitié rituel moitié transe. On voyage sur une place de village au temps suspendu, à travers les énergies solaires et pratiques collectives. Le système d’écriture et l’espace des pulsions portés par le chorégraphe, les musiciens et les danseurs,  inscrivent les pleins et les déliés d’un geste un jour ébauché de l’autre côté de la Méditerranée. La ronde dansée devient immanence, transcendance et universalité.

Brigitte Rémer, le 12 août 2019

Du 31 juillet au 3 août 2019, à 22h – Au Lycée Jacques Decour, avenue Trudaine. 75009 – métro : Anvers – Site www.parislete.fr

Conception, chorégraphie, scénographie et costumes : Christian Rizzo –  Interprétation : Fabien Almakiewicz, Yaïr Barelli, Massimo Fusco, Miguel Garcia Llorens, Pep Garrigues, Kerem Gelebek, Filipe Lourenço – Roberto Martínez – musique originale et musique live Didier Ambact et King Q4 – création lumières Caty Olive – assistante artistique Sophie Laly – régie générale Jérôme Masson – arrangements sonores Vanessa Court – régie lumière et vidéo Arnaud Lavisse, Samuel Dosière.