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Les Zébrures d’automne

Le Festival des Francophonies, Zébrures d’automne que dirige Hassane Kassi Kouyaté se tiendra à Limoges du 22 septembre au 2 octobre 2021.

La conférence de presse du Festival s’est tenue par visio conférence. Hassane Kassi Kouyaté chemise zébrée de rouge sur fond d’affiche jaune tournesol en a dévoilé le programme 2021 : plus de 55 propositions, avec 13 créations dont 6 émanent du Moyen-Orient et d’Asie, régions du monde mises à l’honneur cette année, après l’Afrique et avant les Outre-Mer et les villes.

Au cœur du Festival, la Caserne Marceau comme lieu emblématique et siège des activités et les lieux partenaires, affichent tous présent. La programmation couvre toutes les disciplines des arts du spectacle : musiques, théâtre, danse, contes, théâtre de rue, spectacles jeune public. Le coup d’envoi sera donné avec Malek, un concert de Kamilya Jubran (chant et oud) et Sarah Murcia (contrebasse et composition) à l’Opéra de Limoges, avec les musiciens de l’Orchestre Régional de Normandie ; l’entrée en sera libre. Dans ce même Opéra, Claude Brumachon reprendra Folie, chorégraphie créée en 1989 avec 15 danseurs, une commande de la biennale du Val-de-Marne pour le bicentenaire de la Révolution Française qui garde toute sa force.

Au Théâtre de l’Union, deux événements : Ce Silence entre nous de Mihaela Michailov mis en scène par Matthieu Roy sera le point d’arrivée d’une commande d’écriture faite dans le cadre du projet « Visages de notre jeunesse en Europe » lors de la saison croisée franco-roumaine ; et Flying chariot(s) mis en scène de Koumarane Valavane, coproduit par le Théâtre du Soleil pour la France et par le Théâtre Indianostrum pour l’Inde : Ajay, un jeune pilote de l’armée indienne envoyé en mission de maintien de la paix au Sri Lanka, ose dénoncer les exactions de l’armée indienne.

Dans les Centres culturels municipaux. Le Centre Jean Gagnant propose : Et que mon règne arrive, une création Cameroun/Burkina Faso mise en scène par Odile Sankara ; Une Pierre de patience, de Atiq Rahimi, œuvre pour laquelle il avait obtenu le Prix Goncourt en 2008 (coproduction Afghanistan, Argentine et Espagne) adaptation du roman dans une mise en scène de Clara Bauer ; Down tiger down une rêverie pour jeune public et petite jauge (20 spectateurs) vient de Belgique. Au Centre Jean Moulin, une création théâtrale togolaise est à l’affiche : Les enfants hiboux ou les petites ombres de la nuit ; et une chorégraphie de Mehdi Ouachek et Soria Rem, Anopas, hommage au parcours des artistes de la Compagnie.

 À l’Espace Noriac sont programmés : Les yeux dans le dos, venant du Canada/Québec mis en scène par Patric Saucier qui traite de la maladie d’Alzeimer sur un mode humoristique ; Il pleut des humains sur nos pavés, texte et mise en scène de Sèdjro Giovanni Houansou venant du Bénin, – il avait obtenu le Prix RFI en 2018 avec Les inamovibles – qui évoque l’exode des campagnes vers les villes et la violence des bidonvilles ; Loin de Damas, spectacle où se mêlent de manière indissociable le texte de Omar Soleimane, la musique et l’image. Au Sirque de Nexon, on entrera dans les secrets des outils et symboles des forgerons Mossis, avec Supiim, une installation performance du Burkina Faso, montrant que le contemporain et la tradition savent cohabiter ; et, venant du Liban, on parlera d’exil et de déracinement avec un certain humour à travers La mer est ma nation, création théâtrale de Hala Moughanie.

À l’Auditorium Sophie Dessus d’Uzerche, un spectacle France-Uruguay en sortie de résidence, (et qui sera aussi présenté à la Caserne Marceau) Macabre carnaval, retrace les années de dictature en Uruguay à partir des années 1950 jusqu’au retour de la démocratie, en mars 1985. À Feytiat, espace culturel Georges Brassens, Chaos, de Valentine Sergo, venant de Suisse, parle de l’émancipation des femmes et raconte l’histoire de Hayat, jeune femme fuyant un territoire dévasté d’Orient dans l’espoir de connaître une vie meilleure en Occident. Les contes fabuleux de Shéhérazade seront présentés par Jihad, Layla et Najoua Darwiche, en partenariat avec la Bibliothèque multimédia de Limoges.

Une très riche programmation musicale est à l’affiche à la Caserne Marceau, dans le cadre des Concerts du Zébrô, dont Liraz, d’origine iranienne ; le trio Brama et sa vielle à roue ; le groupe Talawine autour du oud syrien de Hassan Abd Alrahman ; la narration sonore de Cyril Cyril ; les Violons barbares, dialogue musical hybride entre un Mongol, un Bulgare et un Français ; Youmna Saba, rendant hommage à Jalila Bint Morra, poétesse de l’ère pré-islamique avec une pièce pour voix et oud, et beaucoup d’autres groupes encore. Dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 octobre, de 18h à 6 heures du matin, La Nuit francophone battra son plein. Cette fête partagée en entrée libre proposera des parcours dans la ville mêlant musiques, danse, théâtre et contes.

De nombreuses propositions complémentaires sont faites dans le cadre de Zébrures d’automne qui confirment la richesse et l’inventivité de la programmation : des rencontres avec trois grands artistes, Yoshi Oïda, Atiq Rahimi et Daniel Pennac, permettront de dialoguer dans le cadre des Conversations avec… Yoshi Oïda parlera par ailleurs de son parcours artistique au cours de trois journées de réflexion, les 25, 26 et 27 septembre (maximum 18 personnes). Le laboratoire du zèbre marquera la rencontre entre l’Université de Limoges et les Francophonies autour Des écritures de la scène. Une promenade joyeuse dans les Dictionnaires permettra de montrer la richesse et l’évolution de la langue française sur les cinq continents. Une table ronde et des ateliers sur le thème de l’accessibilité aux spectacles seront proposés, Dans tous les sens du zèbre, avec les Singuliers associés. Divers Prix seront remis : Prix RFI pour le théâtre, Prix de la dramaturgie francophone de la SACD, annonce des lauréats 2021 du programme Des mots à la scène ainsi que le Prix Sony Labou Tamsi des lycéens 2021 pour la lecture. Des Rencontres professionnelles se tiendront en partenariat avec différentes structures, dont l’une autour du « Décret Son ». Un stage national inter-académique destiné aux professionnels de l’enseignement et aux milieux culturel et socioculturel aura lieu les 30 septembre et 1er octobre au Lycée Léonard Limosin.

Toute la région se mobilise autour de l’accueil en résidences de création, et les spectacles tourneront dans de nombreuses villes du département, de la région et au-delà. Le menu est copieux, l’ouverture est grande tant géographique que des champs artistiques. Tous à Limoges !

Brigitte Rémer, le 25 juin 2021

Les Zébrures d’automne, Caserne Marceau, 64 Rue Armand Barbès, 87000 Limoges – Tél. (à partir du 1er septembre : 05 55 33 33 67 (billetterie générale) et 05 55 10 90 10 (billetterie groupes).

La billetterie en ligne est déjà ouverte sur le site du Festival : www.lesfrancophonies.fr

 

 

Le but de Roberto Carlos

© Blind

Texte de Michel Simonot – mise en scène et scénographie Hassane Kassi Kouyaté Tropiques Atrium/Scène nationale de Martinique – Le Tarmac, la Scène Internationale Francophone dans le cadre du programme Outre Mer Veille.

La pièce, abstraite et poétique, est écrite en seize séquences, très courtes chacune portant un titre connotant le voyage, l’horizon, l’exil, les kilomètres, le tunnel, ici là et son contraire là et ici, les murs qui séparent et enferment dans de nombreux pays avec longueur du mur et date de construction. S’intercale une séquence intitulée Notre amour pour toi revenant à trois reprises.

Le metteur en scène, Hassane Kassi Kouyaté a construit le lien et la logique du parcours théâtral autour de deux musiciens montés chacun sur un podium, l’un côté cour l’autre jardin. Tom Diakité avec le chant et le Ngoni (sorte de luth ou de kora) Simon Winsé, avec la flûte peul et le Ngoni, commentent le texte de leurs interventions sensibles et concentrées. L’acteur, Ruddy Sylaire, porte les mots qu’il habite, comme une suite d’imprécations, avec force et sobriété. Son espace de jeu est délimité par un tapis de danse blanc. Acteur et musiciens sont aussi vêtus de blanc, la couleur de la mort.

Et la mort rôde, avec un homme éjecté du camion, Moussa « l’athlète qui saute jusqu’aux étoiles » qui disparaît. « On a crié Moussa son nom est tombé arrêtez stop mais rien pas ralenti seulement rien » ; avec cette femme, Aïcha, « morte contre moi, dans mon épaule » et avec beaucoup d’autres drames humains. La narration s’éclaire, tardivement. « Kossi est parti il y a un an. Des hommes sont venus de là-bas. Lui ont promis. Parti pour un stage. Il a envoyé les photos. Puis une année sans aucun signe. » On entre de plein fouet dans le but que Roberto Carlos ne marquera pas, but d’exception qu’il rate lors de la finale de la Coupe du Monde France-Brésil, en 1997 et la passion se déchaine. « On est parti avec un but. Ne pas rentrer les mains vides. La famille compte sur nous. Se souvenir, rêver de pourquoi, le ballon, le foot, l’équipe, les échauffements, l’entrainement, les matchs… » Des univers s’entrecroisent, tissés d’espoir et de désespoir, d’exil et de mort, des histoires de vie souvent naufragées.

Homme de théâtre, écrivain et metteur en scène, Michel Simonot a publié de nombreux ouvrages et articles sur l’écriture et la scène, ainsi que sur les politiques culturelles. Né au Burkina Faso d’une famille de griots, Hassane Kassi Kouyaté, conteur, acteur, danseur et musicien, dirige la scène nationale Tropiques Atrium, à Fort-de-France. Il a réalisé un certain nombre de mises en scène dont Les Mouches de Jean-Paul Sartre et La noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht présentée au Burkina-Faso, au Niger et au Mali. Ce travail garde une certaine étrangeté et une sorte de lyrisme. Il parle d’humanité par la métaphore du sport et d’un idéal qui souvent s’éloigne, par la mer qui recouvre tout et magiquement baisse le rideau de scène.

Brigitte Rémer, le 22 mai 2017

Avec : Ruddy Sylaire acteur – Simon Winsé Ngoni flûte Peul – Tom Diakité Nogni chants. Création lumière Marc-Olivier René – création musicale Tom Diakité et Dramane Dembélé – création visuelle et animations David Gumbs – costumes : Anuncia Blas.

Du 17 au 20 mai 2017 – au Tarmac/ La scène internationale francophone, 159 avenue Gambetta. 75020. Site : www. letarmac.fr – Tél. : 01 43 64 80 80 – La pièce est éditée aux éditions Quartett.