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Cosmopolite Égypte – Portraits intimes

Sept personnages hauts en couleur livrent leurs confidences et ouvrent leurs albums de famille. Hommes et femmes de 63 à 96 ans, ils sont juifs, chrétiens, musulmans ou libres penseurs. Ils sont italien, iranienne, palestinien, belge, turco-russe, française, syrienne mais ils sont surtout égyptiens. Ils appartiennent aux différentes catégories de l’échelle sociale et professionnelle. Leurs petites histoires croisées et entrelacées ressuscitent la grande Histoire : celle de l’Égypte cosmopolite et ouverte du dernier tiers du XIXe et de la première moitié du XXe siècles, avant qu’elle ne se recroqueville sous les coups de butoir des nationalismes, du colonialisme déclinant, de la création d’Israël et du redécoupage géostratégique du monde.

Cette galerie de portraits insuffle également en filigrane une réflexion sur les racines, l’immigration, l’intégration, le rapport à l’autre et, surtout, les liens tumultueux entre l’Orient et l’Occident. Ces fragments épars de mémoires sont d’une grande actualité : ils nous interpellent sur notre époque et sur nos sociétés abîmées par les identités meurtrières.

Emad Adly, traducteur-interprète franco-égyptien, est né au Caire. Depuis 1989 au service de l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao) au Caire, il occupe actuellement le poste de chroniqueur archéologique et édite, sous la direction de Nicolas Grimal, le Bulletin d’Information Archéologique, qui décrypte questions de fond et débats d’opinion dans le monde de l’égyptologie et de l’archéologie. Curieux de tout, libre penseur, fi n connaisseur de l’Égypte et de la France, il est un inlassable passeur entre les deux cultures.
Robert Solé, écrivain et journaliste français d’origine égyptienne, ancien rédacteur en chef et directeur adjoint de la rédaction du quotidien LeMonde dont il a été le médiateur, signe aujourd’hui un billet dans l’hebdomadaire Le 1. Il est aussi l’auteur d’une fresque romanesque commencée avec Le Tarbouche (Le Seuil, prix Méditerranée 1992), ainsi que de plusieurs essais, dont Ils ont fait l’Égypte moderne (Perrin, 2017).

Et aussi : Renée Blandin  Abdel Raouf, Shihada  Shirine Bayat  Francesco D’Angeli  Maryse Helal, Albert Arié,  Christina Meyvis.

Éditions Riveneuve  – 85 rue de Gergovie, 75014 Paris – www.riveneuve.com – Ouvrage actuellement en promotion.

BON DE SOUSCRIPTION À RENVOYER AVANT LE 10 DÉCEMBRE 2020

Je souhaite acquérir et réserver dès à présent l’ouvrage Cosmopolite Égypte, portraits intimes
au prix promotionnel de 30€ (au lieu de 34€).
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Akaji Maro. Danser avec l’invisible

Présentation, entretiens, traduction Aya Soejima – Ouvrage publié aux éditions Riveneuve/Archimbaud, en mars 2018.

Akaji Maro est acteur et danseur de butô, metteur en scène et chorégraphe, directeur artistique de la compagnie de danse Dairakudakan. Il est né en 1943 à Nara, à l’ouest du Japon, fut très impliqué dans les mouvements contestataires des années 60/70 et le théâtre underground. « Dans le théâtre underground, on était contre le système, la censure, on aimait la radicalité, ce qui sentait le soufre… » dit-il.

Maro participe avec Jûrô Kara à la création du Jôkyô Gekijô, troupe dans laquelle il débute et interprète les rôles principaux. Sa rencontre avec le maître du butô et amoureux de l’écriture de Jean Genêt, Tatsumi Hijikata, est pour lui fondatrice, c’est aussi la porte d’entrée qui lui donne accès à des intellectuels et artistes singuliers, comme l’écrivain Yukio Mishima et le photographe Nobuyoshi Araki. Il fonde sa compagnie en 1972, Dairakudadan, prenant de la distance avec le théâtre et s’oriente vers la danse. Autour de lui s’y produisent notamment Ushio Amagatsu, fondateur en 1975 de la célèbre compagnie Sankaï Juku, Kô Murobushi, danseur et chorégraphe de Butô très reconnu au Japon et qui a notamment travaillé avec Bartabas dans Le Centaure et l’animal, Carlota Ikeda qui crée la Compagnie Ariadone uniquement composée de femmes et qui explore une forme de butô libre. Sa troupe sillonne pays et continents, faisant découvrir le butô tant aux États-Unis qu’en Europe. Séduits par sa forte personnalité et son physique de yakusa – cette célèbre organisation du crime – Maro a intéressé de nombreux réalisateurs, ainsi Kô Nakahira qui l’a engagé en 1970 dans son film Une Âme au diable, présenté au Festival de Cannes.

Akaji Maro. Danser avec l’invisible donne la parole à l’artiste. Dans une première partie, Akaji Maro répond aux questions de son interlocutrice, Aya Soejima et se raconte. Suivent quatre pages de photos présentant l’artiste en majesté, visage peint, mi Nosferatu, mi guerrier à la Kurosawa, sorte de diva concentrée et inquiétante. Une seconde partie d’une quarantaine de pages livre ensuite ses réflexions sur les origines du butô né sur la vision fantomatique des irradiés par la bombe atomique ; sur sa pratique de la collecte des gestes ; sur ses fondamentaux et ses oscillations entre le théâtre et la danse ; sur sa conception du corps-espace et sur la signification du fard blanc ; sur ses liens avec l’invisible. Une courte postface signée du pionnier de la musique électronique, Jeff Mills, intitulée Maître du « monde réel » ferme cette danse avec l’invisible : « Je le considère comme un Maître qui exerce dans l’art de la Réalité. Il nous rappelle d’une façon constante d’autres voies du possible ou des chemins de traverse. »

Aya Soejima a longtemps observé son sujet à la personnalité contrastée, le regardant travailler, s’exprimer, rencontrer. « Tel un rituel désormais immuable, je me rends deux fois l’an au studio de Dairakudadan à Tokyo pour assister à la revue déglinguée de fin d’année ou pour interviewer Maro et ses danseurs… C’est dans ces moments d’intimité que Maro m’a raconté sa vie d’artiste vagabond des années soixante et soixante-dix avec son florilège d’anecdotes souvent truculentes. C’est dans ces moments qu’il m’a fait part aussi de ses doutes, des paris qu’il a gagnés, de ses échecs, de sa fidélité immuable vis-à-vis de ses danseurs, de sa vision de la vie. »

Dans cet ouvrage d’une bonne centaine de pages, il parle de son enfance, de ses racines, d’une mère chassée de la famille à la mort de son père alors qu’il a un an, de son éducation par sa vraie/fausse grand-mère paternelle, des petits boulots très tôt, des galères, du contexte socio-politique dégradé, du parcours artistique et personnel, des rencontres. Il raconte les numéros de kimpun show dans les cabarets, le corps enduit d’huile dorée, l’atelier de formation des danseurs créé avec Ushio Amagatsu, l’ancienne usine désaffectée rénovée par les vingt membres de la Compagnie, devenu lieu emblématique de création et de recherche avant de tomber en faillite en raison de la gestion douteuse du conseiller financier, sa manière de poursuivre les actions de création et de formation. Le livre suit les sinuosités et digressions de sa pensée et de sa parole.

Le livre Akaji Maro. Danser avec l’invisible a reçu le Prix de la Critique 2017-2018 remis le 18 juin par le Syndicat de la critique théâtre, musique et danse, dans la section Danse, prix partagé avec Isabelle Launay pour son ouvrage Poétiques et Politiques des répertoires, les danses d’après, I, édité par le Centre National de la Danse.

C’est une belle initiative des éditions Riveneuve qui mène le lecteur au cœur de la création artistique d’un moment donné – les années 1960/70 –  dans le contexte d’un pays qui tente de se relever de l’agression atomique, le Japon, pays qui a vivement intéressé les créateurs et le public français et qui fut plusieurs fois à l’honneur au Festival Mondial du Théâtre de Nancy créé et longtemps dirigé par Jack Lang, ainsi qu’au Festival d’Avignon.

Brigitte Rémer, le 3 juillet 2018

Akaji Maro. Danser avec l’invisible, édition Riveneuve/Archimbaud. Paris. Mars 2018. (117 pages) – 12 euros – Tél. : 01 45 42 23 85 – Site : www.riveneuve.com