Conception, écriture et mise en scène Émilie Rousset, dans le cadre du Festival d’Automne 2025, au Théâtre de la Bastille
Théâtre documentaire sur le droit de la famille, ou théâtre-journal, les acteurs font fonction d’enquêteurs interrogeant des justiciables et des avocats. Ils rapportent des témoignages sur les blessures de la société dans le domaine des Affaires familiales. Les sujets sont ardents, sensibles, intimes, vastes et vibrants. Des fragments d’images se superposent à la réalité, en écho à l’acteur, et s’inscrivent sur un petit et un grand écran situés côté cour et côté jardin, selon la position des gradins des spectateurs placés face à face (conception du dispositif scénographique Nadia Lauro). La caméra se pose sur les mains, les yeux, la bouche qui rappelle la loi, un mouvement esquissé, des bribes de souffrance, d’analyse et de réflexion, (dispositif son et vidéo, Romain Vuillet).
Neuf chapitres composent le spectacle qui met en jeu le juge aux affaires familiale pour arbitrer les dysfonctionnements en termes de droit de la famille. Les chapitres se succèdent et s’affichent : L’amour et la loi – Les limbes – La petite Madonne – Les petits cailloux – L’empilement des décisions – L’association – La Generalitat de Catalunya – Napoléon à la cour européenne. Le chapitre C’est génial ferme le spectacle, c’est en effet génial que les femmes puissent disposer de leur corps, mais le combat n’est pas fini, confirme le texte.
Pour espérer gagner un procès il faut une conjugaison de facteurs : « un bon justiciable, une bonne cause, un bon avocat et un bon juge » autant dire des oiseaux rares sur ces sujets de vulnérabilité. La restitution de l’enquête, qui s’est déroulée dans plusieurs pays d’Europe se fait en langue originale, italien et portugais, avec une traduction consécutive qui en donne la synthèse. La loi est différente et différemment interprétée d’un pays à l’autre, ajoute Émilie Rousset.
Le spectre des sujets abordés autour du droit familial est large et le spectacle en traverse une bonne partie : l’inégalité de la loi face à la gestation pour autrui et à la procréation médicalement assistée, ainsi qu’à l’adoption dans les couples homosexuels ; l’homophobie ; la violence dans les couples – mariés ou non et la solitude des femmes quand ils explosent ; le divorce pour faute quand la femme se retire des relations sexuelles et le code napoléonien qui l’enjoint à garder communauté de vie ; les conflits en termes de garde des enfants nés de parents de nationalités différentes, quand ils se séparent. Des exemples précis sont donnés en termes de séparation et de conflits de loyauté pour les enfants dont le récit est souvent différent de celui des parents, et qui aiment leurs deux parents ; l’indicible de l’inceste, les visites médiatisées et le lien qu’on oblige parfois à garder.
Créé lors de la dernière édition du Festival d’Avignon, en juillet 2025, le spectacle Affaires familiales rapporte la langue du droit, écrite et orale et ouvre sur une série de réflexions sur la justice, les avocat(e)s qui accompagnent les familles, la militance et/ou le métier, la victime et/ou le bourreau, le lien mère/enfant.
Émilie Rousset travaille l’écriture de montage et décale dans sa mise en scène le document collecté et les paroles portées par les acteurs. Elle avait déjà eu maille à partir avec la justice, sur scène s’entend, en présentant notamment Reconstitution : Le Procès de Bobigny sur le choix d’une jeune femme de seize ans, d’avorter après avoir été violée, jeune femme défendue par Gisèle Halimi. Elle explore l’archive et l’enquête documentaire et se glisse dans les grands débats de société en s’ancrant dans le réel. Elle est, depuis un an, directrice du Centre Dramatique National d’Orléans où elle poursuit ses recherches théâtrales et croise l’émotion l’histoire et la réflexion.
Brigitte Rémer, le 30 septembre 2025
Avec : Saadia Bentaïeb, Antonia Buresi, Teresa Coutinho, Ruggero Franceschini, Emmanuelle Lafon, Núria Lloansi, Manuel Vallade et pour la dernière représentation au Théâtre de la Bastille Aymen Bouchou remplacera Saadia Bentaieb – conception du dispositif scénographique Nadia Lauro – musique Carla Pallone – collaboration à l’écriture Sarah Maeght – création lumière Manon Lauriol – cheffes opératrices Alexandra de Saint Blanquat et Joséphine Drouin Viallard – cadreur additionnel Italie Tommy – cadreuse additionnelle Espagne Maud Sophie – montage Carole Borne, avec le renfort de Gabrielle Stemmer – assistante à la mise en scène Elina Martinez – dispositif son et vidéo Romain Vuillet – costumes Andrea Matweber – régie plateau et régie générale Jérémie Sananes –
Le texte de la pièce est écrit à partir d’entretiens réalisés avec des avocates, justiciables, responsables associatifs et parlementaires, notamment Fabíola Cardoso, Davide Chiappa, Anne Lassalle, Caroline Mécary, Lilia Mhissen, Isabel Moreira, Pauline Rongier, Hansu Yalaz, Marco Zabai, Neus Aragonès, Alice Bouissou, Véronique Chauveau, Michele Giarratano, Agnès Guimet, Montse Martí, Diodio Metro, Joana Mortaga, Luca Paladini, Morghân Peltier, Jennifer Tervil, Agathe Wehbé, les équipes du Parloir Père-Enfants ARS95, des associations Adepape95-Repairs!95, Protéger l’enfant, de la Oficina de comunicació de la Policia de la Generalitat – Mossos d’Esquadra.
Du 19 septembre au 3 octobre 2025, à 19h30, les samedis à 17h, relâche le mercredi 24 septembre et les dimanches, au Théâtre de la Bastille, 76 rue de la Roquette, 75011 Paris – métro Bastille – tél : 01 43 57 42 14 – www.theatre-bastille.com – En tournée : 7 et 8 octobre 2025, Lieu Unique, Scène nationale de Nantes – 3 au 12 décembre 2025, Centre Dramatique National Orléans – 11 et 12 février 2026, Communs, Nouvelle scène nationale de Points Cergy-Pontoise (Val d’Oise), 12 et 13 mars 2026, Le Volcan, Scène nationale, Le Havre – 18 au 20 mars 2026, Scène nationale de l’Essonne, Agora-Desnos / Evry-Courcouronnes (France)