Le Cirque invisible

© Giovanni Cittadini Cesi

Un spectacle de et avec Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée, au Théâtre du Rond-Point.

C’est une mine d’inventivité, de malice et de poésie. Le couple Victoria Chaplin-Jean-Baptiste Thierrée, de retour au Théâtre du Rond-Point – invités de Jean-Michel Ribes depuis une quinzaine d’années – présente toutes les ficelles mises au point dans son cabinet de curiosité.

Dès l’entrée, Jean-Baptiste Thierrée s’amuse comme un merlin l’enchanteur, et nous prend par surprise. Collectionneur de valises qu’il coordonne à ses costumes, prestidigitateur, vrai faux jongleur, il passe de pantalon jaune veste multicolore à costume zèbre, ou encore se fond dans la tapisserie de sa valise. Il fait des bulles qu’il transforme en balles, compose une marionnette cafetière émaillée rouge à l’ancienne, s’envole au volant de sa berline dernier cri, dialogue avec son Jean-Louis, se mire dans des miroirs où l’image renvoyée est tout autre que lui. James Thierrée a travaillé avec les plus grands notamment Jean-Marie Serreau, Roger Planchon et Peter Brook avant de créer sa troupe.

Victoria Chaplin a l’art de la métamorphose en complexifiant à loisir ses costumes qu’elle retourne, contourne et détourne pour créer un bestiaire imaginaire. De marquise elle devient cheval, autruche ou crocodile en un clic baguette magique. Elle a de qui tenir, Charlie Chaplin est son père, elle a suivi le mouvement familial des États-Unis à la Suisse où elle a grandi, a appris la danse et la musique classique.

Victoria Chaplin et James Thierrée se sont rencontrés en 1969. « En trente ans nous n’avons produit que trois spectacles : celui du Cirque bonjour ; Le Cirque imaginaire pendant quinze ans et Le Cirque invisible depuis 1990. En fait, j’aurais aimé n’en faire qu’un seul, et le peaufiner sans cesse… » dit Jean-Baptiste Thierrée dans les Carnets du Rond-Point n° 11 et 12. C’est dire le soin apporté aux spectacles, en permanente évolution.

Leur univers est purement ludique, fantaisiste et généreux. Tantôt prince ou bonne fée, tantôt animal et végétal ou machine de pure invention, ils enchantent petits et grands. Les images qu’ils créent et nous font voyager dans leur décalage poétique – comme cette rangée de croquenots qui le suit, le saxo d’où sort non pas des notes mais de la fumée, le vélo au squelette et la dérision des tours de piste cycles à la main, ou encore comme cette installation où Victoria Chaplin porte en guise d’ailes des roues de vélo – se gravent dans nos mémoires.

Brigitte Rémer, le 8 juillet 2021

Lumières Nasser Hammadi – son Christian Leemans – habillage et régie plateau Roxane Gralien, Judith Seither – régie plateau Alban Bertogliati – machiniste Bernard Fléchier – régie lumière Lionel Massador – tour manager Damien Bricoteaux.

Du 29 juin au 11 juillet 2021. Relâche Jeudi 1er, Lundi 5 et jeudi 8 juillet 2021 – Théâtre du Rond-Point, 2 bis avenue Franklin Roosevelt. 75008. Paris – tél. : 01 44 95 98 21 – site : theatredurondpoint.fr