Chorégraphie, conception, son et lumière Nacera Belaza – le 29 juin 2021, à l’Institut du Monde Arabe, dans le cadre du Printemps de la Danse Arabe.
L’édition 2021 du Printemps de la Danse Arabe s’est terminée avec la programmation de deux chorégraphies : Iskio, de Johanna Faye et Saïdo Lehlouh, et Le Cercle de Nacera Belaza.
Après avoir présenté L’Onde, à la MC93 Bobigny en mai dernier (cf. notre article du 22 mai 2021), Nacera Belaza creuse son sillon avec une nouvelle création, Le Cercle. Dans son travail, on entre comme par effraction, le corps s’efface et devient sculpture. Ici les danseurs se fondent dans les profondeurs de l’obscurité, porteurs d’un récit ouvrant sur le vide. « Un vide inattendu qui comble toutes nos attentes » dit la chorégraphe. De loin en loin l’un d’eux apparaît, telle une luciole.
Une première version du Cercle avait vu le jour en 2012, chorégraphie pour deux danseurs. Ils sont aujourd’hui cinq. « J’avais besoin de reprendre cette matière et de voir comment je pouvais l’amener encore plus loin » poursuit Nacera Belaza. Le geste se répète en un lent ressassement, au son des percussions, des cris d’oiseaux, des gouttes d’eau qui s’égrènent. Il monte jusqu’à la transe et les tremblements, jusqu’à l’envoûtement. Avec lenteur et précision, énergie et frénésie, les danseurs tels des revenants habitent de manière hypnotique le plateau. Le recommencement et la répétition derviche, inlassablement, conduisent au vertige. Même austérité, même rituel.
Danseuse et chorégraphe autodidacte, Nacera Belaza puise son inspiration et ses esthétiques dans ses deux pays de référence, l’Algérie où elle est née et la France où elle a grandi. Elle développe son processus singulier de création de manière chorale, oeuvrant dans la transmission et cultive l’épure et l’abstraction de manière puissante et sensible. « Il faut un temps d’immersion pour rentrer dans cette matière. Ce n’est pas de l’imitation ou la simulation d’une simple forme. J’ai dû inviter les interprètes à opérer un travail d’introspection… Ce travail d’introspection fait naître quelque chose d’invisible. »
Le Cercle, comme l’était L’Onde sa précédente chorégraphie, cherche vers l’infini, là où se perdent les références.
Brigitte Rémer, le 6 juillet 2021
Interprétation : Aurélie Berland, Meriem Bouajaja, Mohammed Ech Charquaouy, Magdalena Hylak, Tycho Hupperets – création son et lumière Nacera Belaza – régie son et lumière Christophe Renaud.